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Alexandre

DUMAS

La Tulipe Noire

I. Le roman : La tulipe noire (1850), Alexandre Dumas

A. Des tensions historiques : le contexte géopolitique

L'ouverture en trompe-l'œil de La Tulipe noire pose un cadre historique ultraviolent, livrant au lecteur des scènes d'un réalisme cru. Le déplacement de l'intrigue en Hollande dans la seconde moitié du XVIIème siècle nécessite quelques éclairages. La République des Provinces-Unies (sept au total) est alors une oligarchie organisée autour d'un double pouvoir, civil et militaire, dont les chefs sont respectivement le grand pensionnaire (Johan de Witt) et le stathouder (Guillaume d'Orange). Une rivalité féroce entre Guillaume, qui est soutenu par le peuple, et les frères de Witt aboutit au massacre de ces derniers, soupçonnés à tort de trahison. De plus, Johan de Witt est accusé, parce qu'il a mené une politique clairement pro-française, d'avoir livré le pays à Louis XIV qui vient, en cette année 1672, d'envahir la Hollande.

Les nombreuses métaphores de l'auteur, dont le « flot noir et rouge » d'un peuple enragé et impatient d'en découdre, dessinent une atmosphère tendue, annonciatrice d'une tragédie.

Dumas exprimera cependant sa sympathie pour ses personnages : « Les ennuis et les blessures sont les seuls profits qui reviennent en général aux honnêtes gens coupables d'avoir travaillé pour leur patrie en s'oubliant eux-mêmes ». Le lexique qui désigne le peuple (« masses », « populace » ou « tourbe »), très souvent péjoratif, et les indices de subjectivité renforcent les partis pris de l'auteur. Car si les romanciers peuvent s'autoriser des commentaires, et choisir leur camp, les historiens doivent mesurer avec exactitude et objectivité le rôle des uns et des autres, et par exemple l'influence du peuple dans l'histoire d'une nation.

B. Une curiosité historique : la « tulipomanie »

Le choix d'une fleur comme objet de tous les désirs peut sembler insolite à première vue. Pourtant, la réalité historique prouve l'intérêt exceptionnel qu'on lui a porté. La « tulipomanie » désigne au XVIIème siècle un engouement européen pour la célèbre fleur, suivi d'un enjeu commercial, en particulier dans les Provinces-Unies. Importée de Constantinople et introduite aux Pays-Bas en 1559, la tulipe y est cultivée dès 1593. Le nord de l'Europe se passionne pour l'horticulture et le jardinage au début du XVIIème siècle et, les bulbes supportant les rigueurs du climat néerlandais, la fleur s'impose aisément, d'abord auprès des botanistes, puis des classes sociales aisées. Dans les jardins du centre d'Amsterdam, on plante des bulbes dont la valeur commerciale va rapidement augmenter.
Le Florigelium, premier catalogue d'oignons de tulipes, est publié en 1612 par un célèbre marchand. Les variétés se multiplient, tandis que la fleur connote l'idée de luxe. La peinture s'empare également de ce sujet, dont témoignent les nombreuses natures mortes des grands peintres flamands. La ferveur dépasse bientôt les frontières et la forte demande se répercute sur sa valeur marchande. Déjà onéreux, le bulbe atteint des prix démesurés. En 1637, une variété rare peut prendre la valeur de deux maisons ou le salaire annuel d'un artisan. Rappelons pourtant que l'achat d'un bulbe ne garantit pas la qualité de la feu une fois éclose : en soi, le commerce s'articule donc autour d'une spéculation. Cette même année, à la suite d'une situation irrationnelle et fantaisiste, le marché de la tulipe s'écroule. Certains historiens qualifient cet épisode de crise économique, évoquant même le tout premier exemple de « bulle spéculative ». C'est sur ce curieux phénomène que se noue La Tulipe noire.

II. Le parcours :
Personnage en marge, plaisirs du romanesque

dans La Tulipe noire d'Alexandre Dumas


A. Personnages en marge

Le terme « marge » vient du latin « margo » qui désigne « le bord, la bordure ». « En marge » veut dire « en dehors de », « à l'écart de », « à côté de », « à la limite de ». Vivre « en marge » signifie donc vivre hors des limites de la société c'est-à-dire en dehors des normes morales et familiales mais aussi en dehors des conventions sociales. Le personnage « en marge » est un être fictif qui se retrouve à l'écart, volontairement ou non. Cette marge peut être physique, psychologique ou sociale. Les personnages en marge sont souvent complexes et suscitent, chez le lecteur, des sentiments ambivalents. On dénombre généralement 5 types de personnages marginaux en littérature : le fou (total ou partiel), le picaro (marqué par l’errance), le monstre (physique ou moral), la prostituée (incarnation de la femme déshonorée) et enfin le migrant (étranger à une cellule sociopolitique). Cette classification fonctionne pour le roman Manon Lescaut de l’Abbé Prévost car ses deux personnages principaux, le chevalier Des Grieux et Manon Lescaut s’inscrivent respectivement dans les normes du picaro et de la prostituée. Cependant, les deux personnages marginaux présents dans le roman de Dumas, soit Cornélius van Baerle et Rosa, ne s’inscrivent aucunement dans les cases susnommées. En effet, ceux-ci sont des erreurs de la marginalité, ce sont ce que j’appellerais des « faux marginaux ».

Cornélius van Baerle se retrouve écarté du cercle social pour la seule et unique raison qu’une erreur judiciaire le fait enfermer à vie. Cet isolement n’est ainsi ni le fruit d’un trait de caractère, ni d’un trait physique, ni d’un comportement ou d’une action particulière, ni même de sa nature. Le pauvre de Cornélius est ainsi mi au second plan de la société et présenté comme une tare pour cette dernière alors que non seulement il en était un maillon fertile mais en plus, il représente la quintessence de l’honnêteté et de la piété. Le lecteur assiste alors à sa marginalisation progressive tout au long du roman jusqu’à sa réintégration sociale à la fin de l’histoire. Ainsi, le personnage de Cornélius van Baerle, en plus de sa quête botanique et amoureuse, vit une réelle quête sociale propre aux personnages marginaux.

Pour ce qui est de Rosa, la fille du geôlier, la situation est encore différente. En effet, Rosa est initialement marginalisée de la société du fait de sa condition de fille de geôlier. Le travail se son père, Gryphus, consiste à s’assurer de la bonne marginalisation des prisonniers, soit des éléments qualifiés de perturbateurs au sein de la société. C’est ainsi que fonctionne la plupart des sociétés modernes : sur un modèle d’exclusion. Par opposition, certaines sociétés que nous qualifions – nous, occidentaux – de plus primitives, fonctionnent sur un modèle anthropophage, c’est-à-dire qu’à la place d’exclure les éléments marginaux problématiques de la société, les individus s’en débarrassent en les mangeant. C’est d’ailleurs cette différence sociétale qui valut aux indigènes américains lors de la découverte du Nouveau monde l’appellation négative de « cannibales » ou de « sauvages ». Lequel des deux modèles de culture est le meilleur, là n’est pas la question. Le fait est que dans une société d’exclusion, certains individus doivent se charger de cet ostracisme et Gryphus, avec sa fille, fait partie de ces individus. Le problème est que ce travail d’ostracisation nécessite de s’exclure soi-même de la société pour pouvoir en garder les éléments ostracisés. Cette condition est donc celle du père de Rosa mais également celle de sa fille qui, de par son jeune âge et de par la tutelle excessive de son père, se retrouve dans la même situation que ce dernier. Rosa est donc elle aussi marginalisée de la société mais contrairement à son amant, c’est propre à sa condition familiale.

Le lecteur se retrouve ainsi avec deux personnages isolés de la société créant un effet de contraste avec cette dernière. Tous deux en souffrent à leur manière mais c’est dans cette marginalité solitaire que les deux amants se rencontrent. Rosa, dans son désert relationnel, s’ouvrira à l’amour de Cornélius tandis que Cornélius, dans son isolement, s’ouvrira à Rosa. Cette relation leur permettra d’évoluer ensemble dans leur marginalité jusqu’à leur réinsertion dans la société à la fin du roman. Ainsi, les deux personnages principaux sont en quête du cercle sociale ; leurs opposants, notamment Isaac Boxtel et Gryphus, luttent, plus ou moins consciemment, contre leur intégration sociale. La clef de la porte de cette réintégration sociale est donc évidemment la tulipe et, à moindre mesure, l’amnistie de Cornélius.


B. Plaisirs du romanesque

Le choix du registre littéraire convoqué est particulièrement révélateur quant à la manière que choisit l’auteur pour susciter le plaisir chez son lecteur. En l’occurrence, La Tulipe noire est un roman historique (cf. « Des tensions historiques : le contexte géopolitique ») mais également un roman d’aventures, un roman réaliste. A travers ces différents registres, Alexandre Dumas parvient à convoquer les trois types de plaisirs romanesques : le plaisir émotionnel qui suscite et transmet des émotions, le plaisir narratif qui utilise des procédés rendant la lecture vivante, le plaisir fictionnel qui réside en la construction de l’histoire elle-même
La superposition du roman historique au roman d’aventures est un pari risqué, l'excès de péripéties pouvant gêner le genre historique. Mais en éloignant l'époque choisie pour l'intrigue de la période contemporaine, l'auteur peut aussi s'offrir une plus grande liberté romanesque, fixer des règles différentes et plonger ses protagonistes dans des actions extravagantes. C’est ainsi que le créateur de La Tulipe noire donne à ses personnages des qualités qui les hissent à un haut degré d'héroïsme : l'endurance dans la captivité et l'extrême noblesse de cœur, parfois proche de la naïveté, de Cornélius, face à Rosa. De la même manière, Manon Lescaut est également un roman d’aventures dont le héros Des Grieux a atteint un niveau d’héroïsme tel qu’il fait de son sentiment amoureux le nouvel héros du roman. Pour en revenir à La Tulipe noire, l’aventure prend le pas sur l'historique au détriment d’une certaine vraisemblance mais au profit d’un plaisir fictionnel plus grand pour le lecteur. En effet, les péripéties inattendues ont un caractère plus prononcé en termes de divertissement narratif que la restitution historique. Ainsi, dans la préface de Cinq-Mars, Alfred de Vigny déclare : « La vérité dont L'art doit se nourrir est la vérité d'observation sur la nature humaine, et non l'authenticité du fait ». Il regrette un environnement d'une « triste et désenchanteresse réalité » et blâme « la tiédeur insupportable des demi-caractères, des amours irrésolues, des haines mitigées, des amitiés tremblotantes ». Il justifie alors le rôle majeur de la fiction : « Laissez-nous rêver que parfois ont paru des hommes plus forts et plus grands, qui furent des bons ou des méchants plus résolus ; cela fait du bien ». Dumas semble adhérer à ces propos mais ne délaisse pas pour autant le caractère réaliste de son œuvre. En effet, l’auteur décrit une société à une certaine époque et dans un espace précis, plongeant ses personnages, fictifs ou réels, dans cette histoire qui, loin d’être une simple toile de fond, s’avance au cœur du récit. Ainsi, les dates du livre sont très précises, les lieux également et les descriptions ne manquent pas. Tout est mis en œuvre pour que le lecteur croit à ce qu’il lit, il s’agit ici de plaisir narratif. Plaisir qui sera d’ailleurs originalement suscité tout au long du livre avec des commentaires directement adressés au lecteur de la part du narrateur. Une pratique narrative surprenante d’autant plus qu’elle assure tout mettre en œuvre pour le plaisir de son lecteur. Ainsi, Dumas a l’air d’avoir tranché entre vraisemblance et aventure. En bref, la complexité de l’exercice du roman historico-aventurier réside dans la création de personnages affichant leurs vertus, afin que chaque héros trouve une place légitime dans l'Histoire ; un exercice réussi si cet équilibre permet au lecteur de prendre un réel plaisir narratif sans trop empiéter sur le domaine historique.

Par la suite, plutôt que par le registre du livre, le lecteur rencontre un plaisir dû au dépaysement et au décentrement de l’histoire racontée. Les trois types de plaisirs romanesques (émotionnel, narratif, fictionnel) s’y appliquent également. La Tulipe noire suscite le plaisir du souffle romanesque, c’est-à-dire le plaisir d’observer une fougue qui pousse les héros à tout oser pour leur quête. Dans le roman de Dumas, on pourrait penser à la dévotion incroyable que voue Cornélius van Baerle pour ses tulipes en général, mais ce trait est commun à de nombreux romans : c’est également le cas du chevalier Des Grieux dans le roman Manon Lescaut qui, sensiblement de la même manière que Cornélius, est follement passionné pour l’objet de son cœur et est prêt à tout sacrifier pour cette passion démesurée. Cette fougue offre un divertissement sans égal au lecteur alors extirpé de sa vie banale. Les héros osent tout et c’est cette audace qui donne vie à des sentiments tantôt tragiques, tantôt heureux mais suscitant toujours une réelle émotion pour le lecteur.
Cette ardeur romanesque est doublée du plaisir de l’intrigue que suscite une histoire bien ficelée. Dans le cas des personnages romanesques de La Tulipe noire mais aussi de Manon Lescaut, il s’agit de la quête de l’intégration du centre social déjà développé en amont. Mais Alexandre Dumas double cette quête d’une recherche de l’amour et d’une recherche botanique. Le plaisir fictionnel de l’intrigue est alors multiplié par l’auteur et le lecteur en est d’autant plus tenu en haleine.
De plus, la marginalité des personnages séduit en même temps qu’elle dérange. En effet, le lecteur éprouve une sorte de plaisir coupable à la lecture du livre car ce dernier peut exercer un effet cathartique et purger ses passions parfois malsaines. On pourrait même aller plus loin en suggérant que l’utilisation de personnages marginaux victimisés se rapproche de ce qui est appelé en sociologie les « jeux sauvages ». Ce concept, bien qu’un peu flou, renvoie à l’idée que tout humain ressent des plaisirs pervers plus ou moins fortement selon l’enfouissement subconscient de ces plaisirs. Certains romans comme Les Malheurs de Sophie de la Comtesse de Ségur jouent de ces « jeux sauvages » pour susciter l’intérêt si ce n’est le plaisir de son lecteur. Ainsi, la situation de souffrance amoureuse dans lesquelles peuvent se retrouver Cornélius et Rosa pourraient être à l’origine d’un plaisir subconscient malsain qui participerait au plaisir romanesque du livre. Le lecteur apprécierait le fait que l’amour des deux amants soit rendu compliqué par leurs situations, constituant ainsi une sorte de tension dramatique et malheureuse suscitant chez lui un certain plaisir émotionnel.

Finalement, le lecteur peut trouver son plaisir dans la remise en question des structures de la société, sources d’inégalités, que dresse Dumas. En effet, le roman comme outil de critique sociale peut également satisfaire son lectorat en lui insufflant des valeurs voire des idées. En effet, la société peut sembler castratrice et ses normes peuvent apparaître comme trop étriquées, surtout il y a deux siècles. Ainsi, une critique de ces normes satisfait obligatoirement une partie de la population en partageant une doctrine commune vis-à-vis de l’exclusion sociale pratiquée sur des personnages fictifs, reflets de la réalité. Le lecteur peut ainsi retrouver sa propre vie dans ces personnages et dans cette critique sociale, lui prodiguant le sentiment d’être représenté et comprit.




III. Appropriation personnelle et critique :

réécriture du moment clef de l’exécution

Enfin l’heure d’exécuter ce terrible mouvement arriva : Cornélius posa son menton sur le bloc humide et froid. Mais à ce moment, bien malgré lui, ses yeux se fermèrent pour soutenir plus résolument l’horrible avalanche qui allait tomber sur sa tête et engloutir sa vie. Un éclair vint luire sur le plancher de l'échafaud : le bourreau levait son épée. Van Baerle dit adieu à la grande tulipe noire, certain de se réveiller en un salut à Dieu, dans un monde fait d'une autre lumière et d'une autre couleur. Trois fois, il sentit le vent froid de l'épée passer sur son col frissonnant. Trois fois, il sentit le froid de l’acier lui sectionner les vertèbres cervicales. Trois fois, il sentit sa tête tomber sur l’échafaud de bois dur. La quatrième fois, il ne sentit plus rien. S’il l’on admet qu’un décapité continue à vivre trois secondes après que sa tête ait été séparée de son corps, Cornélius van Baerle eut le temps d’entendre le cri aigu de la douce Rosa observant la scène depuis la fenêtre de la prison du Buitenhof. Pauvre fille que cette douce Rosa. Enfant marginalisée dont le seul lien avec le monde extérieur venait de se faire trancher la tête. Il lui restait ses trois caïeux, seuls vestiges d’un amour hélas bien laconique. Elle se fit une raison, au nom de celui qui les avait créés, elle se devait de faire les faire fleurir. Cette mission n’était nullement dictée par la cupidité, les 100 000 florins n’avaient plus aucune valeur à ses yeux ; ni même pour le progrès botanique, une fille du peuple ne connaissait même pas le terme d’horticulture ; cette mission était devenue un simple hommage à un homme victime du courroux et de l’injustice.

Plusieurs mois plus tard, avec l’arrivée des beaux jours, Rosa commença sa culture des caïeux. Elle planta le premier qui mourut deux semaines après sa mise en terre à cause d’un trop plein de soleil. Elle planta alors le deuxième qui mourut dans les mêmes délais mais par manque de soleil cette fois-ci. Il ne lui restait plus qu’un caïeu, elle hésita grandement avant de le sortir de sa feuille biblique pour sa dernière chance. Quoi qu’il en soit, elle le planta dans la meilleure terre qu’elle put trouver, la plaça dans sa chambre pour le surveiller en permanence et veilla à ce qu’il ne soit ni trop au soleil, ni pas assez. Elle passait son temps à observer ce qui, au bout de trois semaines, fit naître une fluette et timide petite tige verte. Elle célébrait sa victoire et louait son défunt pour la naissance de cette petite plante en qui elle avait placé dans d’espoir. Elle, l’illettrée fille de geôlier faisait naître la tulipa nigra Rosa Baerlensis, la plus convoitée des tulipes, cette fleur que jamais naturaliste n’avait osé réserver à la race humaine, de peur de donner de la jalousie à Dieu. La tige grandit jusqu’à voir apparaître les premières feuilles vertes. Quelques semaines plus tard, les pétales commencèrent à prendre leurs couleurs. Alors, chers lecteurs, ne me demandez pas s’il s’agit là de la volonté divine ou d’une force mystique de la reproduction sociale qui décidait du sort de Rosa mais le fait est que les pétales grandirent couleur sang. C’est sur cette couleur qu’avait commencé l’épopée de la tulipe noire le jour de l’exécution de Cornélius van Baerle, et c’est sur cette même couleur qu’elle prit fin lorsque Rosa se trancha la gorge recouvrant alors de son sang la tulipe tant haïe.

Les raisons de cette

appropriation personnelle

De ma position de lecteur, j’affirme qu’Alexandre Dumas maîtrise parfaitement l’art qui consiste à susciter le plaisir chez son lectorat. En effet, j’ai grandement apprécié la lecture de La Tulipe noire. Je pense que son écriture épurée dans son ensemble est un atout dans le cadre du roman. Mais ce qui m’a permis de dévorer le livre est surtout la découpe de ce dernier : de courts paragraphes qui permettent de mettre en valeur le propos et des chapitres relativement ramassés me permettant d’en lire au moins un par trajet de train. Ainsi, La Tulipe noire est un roman qui se lit facilement et dont l’histoire est entrainante, à l’exception d’une partie plate voire franchement ennuyante autour du 20ème chapitre. Je n’ai pas l’habitude de lire des romans car je trouve qu’il s’agit de la forme de littérature la moins enrichissante et la plus chronophage et je dois avouer que le livre de Dumas confirme mon présupposé, ce qui n’enlève rien au plaisir que j’ai pris à le lire mais m’éloigne davantage du romanesque. En effet, lors de la création de ce site, j’ai eu du mal à trouver matière à écrire car, excepté la quête du cercle sociale, le roman ne soulève aucun questionnement. Son caractère historique est intéressant mais se contente de restituer ce dernier de manière romanesque, sans intérêt supplémentaire.

Le choix de cette appropriation personnelle est critique car j’y ai corrigé ce qui me gênait dans le roman de Dumas, c’est-à-dire son caractère un peu « gentillet ». En effet, j’ai trouvé la fin trop attendue, proche d’un classique conte pour enfant « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». De plus, j’ai trouvé que le sauvetage miraculeux de Cornélius était bien une facilité d’écriture, un peu niaise. En effet, je ne comprends pas ce revirement dans lequel Guillaume d’orange décide subitement de lui laisser la vie sauve. C’est pourquoi j’ai décidé de réécrire ce passage et d’en proposer succinctement les conséquences. Elles se résument à l’échec de la quête du cercle social des deux personnages en marge du roman, Rosa et Cornélius avaient besoin l’un de l’autre pour espérer réussir à élever la tulipe noire, leur séparation vouait donc cette entreprise à l’échec et, par conséquent, leur réintégration sociale rendue impossible. J’ai donc voulu contrebalancer la tendance « romantique » du roman originel par une réécriture plus crue et plus sombre, quitte à nier la morale qui veut que tout finisse toujours bien pour les personnages qui sont du bon côté de l’histoire.

Pour conclure, de mon point de vue de lecteur, je donne à La Tulipe noire la note de 6/10, un livre que je recommande, pour les amateurs du genre.

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La Tulipe noire : 6/10

Raphaël HUYARD